Bourses de la ville de Genève

Bourses Berthoud, Lissignol-Chevalier et Galland pour la jeune création contemporaine

Centre d’Art Contemporain, Genève
septembre 2020

©Raphaëlle Mueller

Décoder comme mot d’ordre. Déformer comme fil rouge. Assouplir comme point de repère. Des références, des ressemblances et des clins d’œil se devinent. Mais à quoi ? à qui ? Jeanne Tara détourne les codes de l’architecture et s’approprie des motifs de l’art conceptuel. Elle en joue. Les indices se dévoilent dans les objets représentés et à travers les matériaux utilisés. C’est à nous, spectateur·ice·x·s, de saisir les liens. Nous sommes immergé·e·x·s dans l’installation ; l’artiste nous invite à se faufiler parmi et dans les œuvres, à vaguer entre elles. C’est au détour de l’une que se dévoile une autre et pendant que nos corps surplombent les sculptures ancrées dans le sol, on se fait dépasser par les pans de toiles suspendus au plafond. 

Il y a, d’une part, les sculptures métalliques qui penchent et fléchissent. Si leur composition et leur aspect évoquent une architecture faite pour éviter la chute, tel le fer forgé des balcons, leur basculement les éloigne pourtant de cette fonction première. Et il y a, d’autre part, les surfaces peintes, chacune unique, qui pendent et sur lesquelles l’inclinaison se décline. Sur l’une, la ligature “œ“ est tracée, en italique, une graphie souvent utilisée pour signifier le titre d’une œuvre dans un texte. Sur l’autre, un damier est peint et s’il renvoie à un support dur, il semble pourtant devenir mou. Et sur la troisième, un coussin apparaît, telle une allusion à la passivité, à l’horizontalité et aux corps couchés. Dans la proposition de Jeanne Tara, les altérations se déclinent au texte, aux objets, à l’architecture. Les distorsions s’appliquent à deux types d’expériences : mentale et physique. Nous nous retrouvons alors en équilibre, entre la découverte de formes nouvelles et de souplesses impossibles. 

Eleonora Del Duca